dimanche 20 novembre 2011

Sauver Ispahan

Sauver Ispahan
Jean-Christophe RUFIN

Ispahan. 1721. La capitale de la Perse est au faîte de sa splendeur et de son raffinement : mais de lourdes menaces s'accumulent autour d'elle.
Jean-Baptiste Poncet a trouvé refuge dans cette ville heureuse où il exerce son métier d'apothicaire, en compagnie de sa femme Alix et leurs enfants. Vingt ans ont passé depuis les aventures contées dans " L'Abyssin " . L'arrivée en ville d'un mystérieux inconnu va rompre la vie paisible de Jean-Baptiste et le précipiter, à la recherche d'un ami menacé, dans un périple aventureux vers le Caucase, les steppes de l'Oural, jusqu'aux redoutables khanats de l'Asie centrale.
Pendant ce temps, Ispahan assiégée tente de résister aux coups de ses ennemis afghans. Alix et sa fille Saba prennent une part décisive dans cet événement. Au cours de cet ultime assaut, vont se nouer tous les fils d'une intrigue foisonnante : on retrouve tout au long du livre la vivacité, la tendresse et l'humour qui ont fait le succès de " L'Abyssin.

Derrière ce grand récit d'aventures, se dessine une réflexion profonde sur les pouvoirs de l'imaginaire. Sauver Ispahan est en effet l'histoire d'un mensonge qui prend vie.
Ce mensonge créateur est le sujet même du livre.


Sauver Ispahan est la suite d’un premier volet d’aventure : l’Abyssin. Je n’ai pas lu ce premier tome, mais ça ne gène nullement la compréhension. On retrouve quelques petites références qui m’ont, plutôt que gêné, donné envie de me procurer ce premier volet.

Ce livre est un roman d’aventure qui s’articule autour d’un mensonge qui relie certains personnages en éloigne d’autres. Ce mensonge amène à cette jolie réflexion d’un des personnages :
« La vérité ! […] Rien n’est plus fade, plus décevant, en un mot plus inutile. […] La vérité n’est pas pour les hommes. Quand même ils prétendent la découvrir ou la préserver, elle ne leur appartient jamais. Ils ne peuvent être que son esclave. Ils la subissent, la répètent, s’en affligent et finalement s’y résignent. Tandis qu’un mensonge ! […] Voilà qui fait de chacun de nous l’égal des dieux. Nous créons des mondes par le mensonge, nous donnons vie à ce qui n’existe pas. Sans cette faculté il n’y aurait ni génie, ni conquête, ni religion, ni amour. »

Ce roman nous fait suivre les déambulations de Jean-Baptiste et de son fils partit à la recherche d’un ancien ami, prisonnier des Russes, ainsi que la vie d’Alix et de sa fille dans la ville d’Ispahan assiégée. Grâce à eux, on voyage dans le moyen Orient à une période troublée. La Perse est peu sûre à cette époque : la Russie menace au Nord, les Afghans à l’Est et les Turques à l’Ouest.
Mais voilà, on ne fait que suivre les déplacements des hommes qui se laissent transporter tantôt par une chance inouïe, tantôt par leurs déboires, sans jamais vraiment diriger leur route. Ils se laissent porter tranquillement par le court des évènements. Je m’attendais à un peu plus de profondeur dans leurs pérégrinations.
Mais de l’autre côté, nous avons la vie des femmes que j’ai trouvées bien plus intéressante et prenante. Elles font des choix et prennent des décisions qui vont affecter en bien ou en mal leurs lendemains.

Finalement on se retrouve à suivre des personnages masculins assez plats dont le caractère est peu décrit ce qui nous donne l’impression qu’ils n’ont pas été très construits ou que leur aventure suffiront à intéresser le lecteur. J’ai eu le sentiment, qu’un seul trait de caractère était mis en avant et que finalement c’était le seul qu’ils possédaient.
Originalement et à l’inverse, les femmes sont beaucoup plus emplies de questionnement, de remise en questions et de doutes, ce qui donne l’impression que leur personnage est bien plus fouillé, profond et compliqué.

La construction de chaque chapitre est très semblable de l’un à l’autre : on débute avec une description que j’ai parfois trouvée un peu lourde, qui dénote avec les actions très rapides et vivantes (retranscrites avec beaucoup de dialogues) qui surviennent dans la suite du chapitre.
Avec cette similitude, je me suis sentie bercer par le récit, (de la même façon que les personnages sont bercés par leurs aventures), sans que vraiment il ne parvienne à me passionné et me prendre aux tripes.

Mais, malgré les défauts que j'ai pu relever et comme le dit si bien l’auteur lui-même, on découvre avec Sauver Ispahan un joli roman d’aventure qui s’ancre dans l’Histoire et que l’on prend plaisir à lire et à découvrir.
« Un roman historique reconstitue les pleins de l’Histoire, c'est-à-dire met en scène ce qui s’est réellement passé. Un roman d’aventures se situe plutôt dans les creux de l’Histoire. Il comble l’inconnu et donne une réalité (parmi d’autres) à ce dont on ignore tout. »

J. C. Rufin


Vous aimerez sûrement ce livre si :
- Vous aimez les contextes historiques réels.
- Vous aimez les romans d’aventures.

Vous n’aimerez peut être pas si :
- Vous aimez les personnages très travaillés.
- Vous aimez les aventures pleines de rebondissements et de surprises.

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